De la rencontre des acteurs à la vie quotidienne au foyer

Le 18/07/17 à 11h,

Bonjour à tous, voilà bientôt un mois que nous ne vous avons pas écrit. Ce n’est pas la volonté qui manquait mais surtout la capacité. En effet vous le savez déjà l’électricité et internet sont assez rare, à cela se sont ajoutés d’autres difficultés : l’impossibilité de charger notre ordinateur, de transférer nos photos et le manque de temps. Nous avons donc plein de choses à vous raconter. Nous nous sommes quittés le 23 juin et depuis nous avons beaucoup avancé et avons rencontré pléthore d’acteurs : le directeur de IBESR (Institut du Bien-Etre Social et de Recherche). Cet organe de l’Etat se charge de veiller au bien-être social des enfants, leurs suivis et si besoin leur placement en foyer ou centre d’accueil. Nous avons également échangé avec une travailleuse sociale, un juge pour enfant, un inspecteur de la Brigade de Protection des Mineurs (BPM), le coordinateur de l’école fondamentale du bureau départemental de l’éducation du département des Nippes, la directrice de l’école normale d’instituteurs publique, le responsable du SAEPP (Service d’Appui à l’Enseignement Privé et au Partenariat), l’inspecteur du niveau secondaire de la section communale de Paillant, un employé du ministère des sports, de la jeunesse et de l’action civique, le secrétaire général de l’Université Publique des Nippes qui est également enseignant chercheur en sociologie et j’en passe ! Toutes ces personnes nous ont informé sur le rôle de leurs institutions, sur leur rôle personnel, sur les difficultés qu’ils rencontrent pour mener à bien leurs missions et nous ont parlé de leurs aspirations futures pour leur métier, pour les jeunes et pour Haïti.

 

IBESR.PNGDevanture de l’IBESR de Miragoane (Bureau Régional de la région des Nippes)

 

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Devanture du ministère de la jeunesse, des sports et de l’action civique de Miragoane (Direction départementale) 

 

Concernant les acteurs politiques, nous nous sommes entretenues avec le maire nouvellement élu de la commune de Paillant. Trois mois après son entrée en fonction, il a dû faire face à un défi de grosse ampleur : le passage du cyclone Matthew en octobre 2016 ce qui l’a poussé à revoir ses priorités. Concernant le CASEC, nous avons enfin pu le rencontrer après moultes nouvelles tentatives de rencontre et un lapin posé. Entre temps nous avons appris que son mandat de CASEC avait pris fin après 10 ans de service. Normalement un mandat dure 4 ans, mais l’instabilité politique du pays a fait que les élections des sections communales de tout le pays ont toujours été repoussées. Ce n’est qu’à partir de janvier de cette année que de nouvelles élections ont eu lieu, les nouveaux CASEC ont pris leurs fonctions le 26 juin. Les administrations de sections communales se font par cartel de 3 personnes qui représentent le conseil d’administration de section communale (CASEC). Nous les avons rencontrés le 28 juin soit 2 jour après leurs débuts, aussi nous avons davantage discuté sur leurs projets que sur leurs actions et c’est pour cela que la discussion avec un des anciens CASEC était nécessaire.

 

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Bureau du CASEC de Salagnac (première section communale de la commune de Paillant)

 

Nous avons élargi notre champ de recherche au-delà de Miragoane et Paillant en rencontrant pour l’instant deux ONG qui travaillent sur la réhabilitation des écoles après Matthew. C’est le cas de Secours Islamique France (basé à Petit Goave et Jacmel) et de Solidarité Laïque (basée à Jérémie et Port au Prince) qui font partie d’un consortium d’ONG financé en partie par l’AFD. Ils planifient d’ici la rentrée scolaire que les écoles cibles soient fonctionnelles pour accueillir les enfants. Leur projet s’étend jusqu’en 2018 avec une végétalisation des écoles, une distribution de kits pédagogiques et de matériel scolaire et le renforcement des capacités des communautés d’école pour une meilleure communication avec les acteurs locaux de développement. Nous avons pu échanger ensemble sur leurs rôles respectifs (répartition géographique et de compétences), la synchronisation de leur travail et les avantages et inconvénients du travail en consortium. Nous nous rendons à Port au Prince mercredi 19 juillet et nous souhaitons rendre visite à deux autres ONG partie prenante du consortium : SOS Enfants sans Frontières et France Volontaire par le biais du COHAIV (Coalition Haïtienne des Volontaires). Pour nos deux dernières semaines que nous allons passer à Port au Prince nous prévoyons de frapper aux portes des institutions pour décrocher un rendez-vous car nombres de nos anciennes tentatives par mail et téléphone sont restées vaines. Nous ne nous laisserons pas démonter et espérons vivement rencontrer : le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP), le ministère des affaires sociales, le bureau central de l’IBESR, UNICEF, UNESCO, le Programme alimentaire mondial (PAM), l’ONG Save the Children, Care, la fondation Digicel (entreprise de téléphonie mobile qui travaille beaucoup dans le développement du pays et notamment dans le secteur éducatif).

Concernant notre vie quotidienne dans le foyer, comme nous l’avions annoncé nous avons mis en place des activités pour les enfants et jeunes du foyer. La première qui était un test s’est révélée assez positive puisque des jeunes de la zone sont même venus se joindre à nous, il en a été de même pour le reste des activités. Si les enfants se sont dépensés à l’extérieur avec des parcours et des jeux en tous genres, ils sont également appliqués à décorer leur maison : la salle de jeux, la salle à manger. De notre côté, nous avions à cœur de leur faire une petite introduction sur le recyclage et la gestion des déchets qui est un gros problème dans le monde et dans ce pays. Nous avons présenté les différents déchets que l’on retrouve le plus souvent dans la nature ainsi que leur durée de décomposition et les solutions qui sont apportées en termes de gestion : la poubelle, la fosse, le recyclage. Nous sommes quand même conscientes que ce travail doit être global et quotidien en étant mené à la fois à la maison, à l’école et dans la rue et que notre action est bien insuffisante. Néanmoins, nous avons pu voir de l’intérêt de la part des enfants.

 

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Enfin nous avons clôturé le cycle d’activités par une chasse au trésor en créole. Ce jeu leur était tout à fait inconnu mais les a régalés. Après être partis à la recherche des indices dans la zone et avoir brillamment répondu à quelques questions (dernier sésame pour le trésor), les jeunes se sont partagé le butin consciencieusement et nous en ont même laissé, c’est pour dire !

 

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Le remplissage d’estomac ne s’arrête pas là. Si nous avons pu gouter à une variété de plats haïtiens, eux ont aussi profité de nos maigres talents de cuisinières pour leur faire partager une ratatouille et un gâteau à l’ananas. Le mot ratatouille a bien fait rire dans la maison et restera dans les annales. C’est avec émotion que nous leur dirons au revoir demain. Nous savons que si nous revenons nous serons très bien accueillies, il en va de même pour eux s’ils viennent nous voir en France.

 

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Ratatouille, Salade Russe, Poulet, Riz ak pwa

 

Le foyer nous a offert son hospitalité, et nous même sommes venues en toute modestie dans l’optique de pouvoir leur apporter des conseils concernant quelques difficultés qu’ils rencontrent. Nous avions pris contact en France avec Solidarité Laïque qui nous a parlé d’un foyer-centre de loisir situé à Jérémie dans la région de la Grande Anse. Ce foyer ouvert en 2008 a peu à peu élargit son champ d’action en mettant en place un centre de loisir en été ainsi que des sessions de formations pour formateurs et pour animateurs. Il a créé des partenariats avec une école française et des associations dont une de groupement d’animateurs. Ainsi, chaque été, pendant deux semaines, deux animateurs français viennent animer un camp d’été en collaboration avec des animateurs haïtiens tandis que deux animateurs haïtiens se rendent en France pour faire de même. Nous pensons que ce modèle, sous couvert d’implication partenariale, pourrait être mis en place dans le foyer dans lequel nous résidons et lui permettrait un développement plus large.

 

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Au fait, le dimanche 2 juillet nous avons vécu quelque chose de pas banal : nous sommes parties dans la ville de Port-à-Piment située dans le département du Sud qui a été grandement touché par l’ouragan Matthew. Une de nos connaissances est pasteur et en relation avec des missionnaires américains vivant en Haïti et de confessions manonite. Ils ont financé un projet de construction de petites maisons pour reloger des personnes qui avaient perdu leur habitation (souvent des maisons en tôle). Ce dimanche était l’occasion de voir l’avancée du projet et le pasteur connaissant notre travail sur Matthew nous a proposé de venir avec eux. Nous voilà parties à 4h du matin à l’arrière d’un pick-up débout pendant 5h de route à l’aller et 5h de route au retour le tout dans la même journée. Nous avons fait le trajet suivant : Paillant-Miragoane-Fond des Nègres- Aquin-Cavaillon-Cayes-Port SalutPort-à Piment. On ne peut pas dire que les routes soient vraiment en mauvais état en Haïti mais le moins qu’on puisse dire c’est que leurs dos-d’âne (police couchée en créole) sont de vraies plaies. Le trajet s’est relativement bien passé si l’on omet les quelques bleus, la pluie (nous nous sommes abritées sous une bâche) et les quelques chauffards qui ont manqué de rentrer dans notre véhicule. Arrivées à Port-a-Piment, nous avons assisté à une messe dirigée en partie par le pasteur que nous connaissons, nous avons ensuite partagé un repas avec quelques fidèles puis nous sommes allées voir les maisons nouvellement construites et avons échangés brièvement avec leurs habitants. La construction des maisons était bien évidement une nécessité mais il nous a semblé que la construction s’apparentait davantage à une construction en dur d’urgence qu’à une habitation pérenne et développable.

 

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Une vue de la mer de Port à Piment avec image des dégâts que Matthew a causé: déracinement des palmiers.

 

Pour le reste, nous avons aussi pris quelques vacances avec des haïtiens et des français. Rendez-vous dans un autre article pour vous parler d’un petit bout de terre dans la mer : l’île à vache….

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